Valentin Gonnet

 


Traversée des visages


Les paroles racontent les veinures du marbre. Les murs ne portent plus que le lavis du temps, l’aquarelle d’un sourire.


La cuillère frappe les dents du silence. Tu ne marches plus que dans ta tête. De la cire perdue, coule le bronze sculpté de l’âme.


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Feuille après feuille, les visages flétrissent, le jour détache ses lumières. Du bord déjà, on imagine les lointains.


Un souffle efface les neiges. L’aube ouvre ses paupières. Un halo de joie te précède.


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Les veines du soir s’ouvrent sur le sable. L’air de nos rires, s’essouffle. La saison perd ses lumières.


Quand le regard du jour, s’incline jusqu’à s’agenouiller, tu toises la nuit pour en connaitre la fin, cet océan qui ne dit ses contours. J’en contemple chaque éclat, comme l’étoile d’une parole qui guide.


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La mer demeure au sel de ton souffle. Le granit vibre au bâti du regard. Dans la tempête, l’épaule du rivage, s’appuie au bois du chemin.


Le visage des nuits, revêt le blanc silence des sables. Je reste transi, main contre toi, joue contre froid.


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Il faut se séparer du froid, passer les neiges, laisser son pas glisser jusqu’au refuge, ne garder que la trace.


Emergé du bois, la flamme d’autres visages, réchauffe l’engelure de la mort.

 

 

 

 

Les textes de Valentin Gonnet explorent la création comme espace « hors champ » et la nécessité de s’extraire du monde pour mieux écrire dessus. Auteur de plusieurs recueils, dont Volvation et D’un autre langage, il a 28 ans et travaille actuellement à l’écriture de son premier roman. Ayant commencé à écrire pour la musique, l’auteur aborde à travers ses poèmes en vers ou en prose les thèmes du repli sur soi, du cosmos et de l’intériorité du corps (qu’il nomme corps-organe, comme continuation de la théorie d’Antonin Artaud). Présent dans les n° 23, 24, 25, 26, 28, 29, 31 et 32 de Lichen.






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