Triptyque d'Annie Hupé

 


Jamais


Blet, mon chagrin séquestre le pourvoi du futur.

Logique, d'un mot revêche je publie le refus

le rejet aveugle. Bloquer, captif d'un chaos

unique le jour multiple, bref chorège, diviser

verbe et chant quand le flot du temps se déjauge

me bannit ‒ ô, pie déjuchée, famélique, du verger.


Maintenant


Va, fabrique l'échafaudage où poser ton jeu

déjouer ton égoïsme frivole, embûche topique.

Ce jour te semble fade, vague calque aphone

d'hier. Or je réfute ce blâme aveugle puisque

chaque jour s'offre long volume dépliable –

blanc virginal ? oh jamais ! – frais pâquis dont

j'observe, pragmatique, le riche défi :

l'herbe jeune, stipe fécond qui me revigore.

Quiet séjour, peu favorable au gâchis média

quand j'y fignole mon verbe sans plus d'écho.


Temps mort


Jeu mécanique des horloges, pauvre fable

joignant bon ami, disparu, toquant la chair à vif.

Vingt-quatre fois par jour l'heure cède bas,

tombe, revit... J'effiloche la ganse liquide de

l'habitude, j'évoque une figure compagne.

Long fil de surjet, chaque orbe prévient

le suivant qui déjà périmé, faiblit, change.

Je compte - flasque chanson bien galvaudée,

frivole, le probe jeu mécanique des horloges.




Toujours — c'est à dire depuis les récitations apprises à la petit école — sensible et attachée à la poésie, Annie Hupé n'a pas cessé d'apprendre par cœur (même si ça devient plus difficile). Elle n'a commencé à écrire que fort tard, après avoir croisé les pratiques de l'Oulipo. Exercices ! Dans Lichen, c'est la « Grange aux mots et l'Atelier qui l'ont attirée. Elle a été publiée dans diverses revues, régulièrement dans Traction-Brabant. Présente dans les n° 41, 44, HSC, 51, 57, 61, 68, 74, 78, 80, 81, 86 87 , 88, 89, 90 et 91 de Lichen, et même avant, puisqu'elle participe à l'Atelier du don de mots depuis le n° 38.

 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire