Télégrammes

 

1) par Jean Diharsce

 

J’ai froid


J'ai froid

Des humains gisent dans le sang

Leur seul refuge sera cendre

Le sang écrit d'autres paroles qui sont muettes

Glaçantes


J'ai froid

Le monde brûle et des enfants

Leur seul refuge sera cendre

Les fumées âcres des forêts qui vont aux villes

Brûlantes


J'ai froid

Les bouches hurlent tout fait silence

Leur seul refuge sera cendre

Les mots indignes font suite aux flammes

Indifférentes


J'ai froid

Tes mots écharpes autour du cou

Mon seul refuge au bord des cendres

La parole fait cœur l'écriture fait lien

Consolantes

 

 

Jean Diharsce, 66 ans — qui a fait le choix de vivre en Bretagne où la mer, les rocs et les mots sont rudes et doux — écrit tous les jours et publie sur les réseaux sociaux. Il a regroupé certains de ses poèmes dans plusieurs recueils publiés aux éditions Jacques Flament  (https://www.jacquesflamenteditions.com/jean-diharsce/). Présent dans les n° 45, 46, 47, HSC, 68, 69, 73, 79 et 80 de Lichen.

 



2) par Annie Hupé

 

Les Fêtes 
       blues des légumes

éplucher n'est qu'un jeu
bête d'un lustucru chenu 
et ce jeu dure dure dure
de ces temps d'heure une
en heure tue jusqu'en un
brusque menu de décembre 
et reprend cruelle fumée

 

 

Toujours — c'est à dire depuis les récitations apprises à la petit école — sensible et attachée à la poésie, Annie Hupé n'a pas cessé d'apprendre par cœur (même si ça devient plus difficile). Elle n'a commencé à écrire que fort tard, après avoir croisé les pratiques de l'Oulipo. Exercices ! Dans Lichen, c'est la « Grange aux mots et l'Atelier qui l'ont attirée. Elle a été publiée dans diverses revues, régulièrement dans Traction-Brabant. Présente dans les n° 41, 44, HSC, 51, 57, 61, 68, 74 et 78 de Lichen, et même avant, puisqu'elle participe à l'Atelier du don de mots depuis le n° 38. 

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