par Jean-Claude Feuillarade
Guerre
La ville sous la guerre
son écroulement
sa ruine qu’écartèlent
les rues décapitées.
Résonnent encore
les murs écroulés
amoncelés à leur pied
destructions des ruines mêmes.
Restés debouts
les os d’acier vacillants
des maisons empalées
sur leurs fondations
les murs brutalisés
tremblants terrassés
comme des crânes
que défoncent les pioches.
Ciels et soleils
broyés ensembles
jus de fruits amers
oranges de sang
oranges de merdes
écrasées puantes liquides
brûlantes enflammées
répandues par les avions
sur les charniers renouvelés.
Nuits et jours mêlés
par l’absence de lumière
par la profusion des fumées empoisonnées
par la désertion des heures
percées des cris armés des victimes
qui osent encore se battre
de leur bouche écartelée
se trainent misérables
de blessures accumulées
des faims et des soifs
tordus sous les douleurs
et les aimés égarés
coupés amputés
noyés par l’horreur
rendus fous.
La ville entière
sous une meule de haines
comme les grains multiples
rendus en charpies
au soleil permanent.
Né à Nîmes en 1955, Jean-Claude Feuillarade suit d'abord une formation technique de la marine marchande avec la découverte précoce de la limite des langages du concret. Celui des mécaniciens, parfait pour la conduite et l’entretien des machines. Celui de la timonerie, parfait pour la navigation. Mais découvrant un infini du réel dans les poésies de Blaise Cendrars et non dans l’expérience des marins, il décide de ne jamais s’écarter de ces vertiges. Vit et travaille à Sète. Débute la photographie en 1973, puis le dessin et la peinture dès 1975 aux Beaux-Arts du Havre, puis de Marseille. Différentes expositions de peinture/photographies/travaux d’écriture. C'est sa première apparition dans Lichen.
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