Sylvie Franceus


Forêt

Marcher et lire
En même temps
C’est presque le même geste
Un pas
Un mot
C’est le deal
Soudain le livre tombe sur des loupiotes
Les jonquilles sont des petits réverbères 
Elles clignotent
Le livre gît dans les pistils jaunes
Et dessous
Les feuilles de chêne sont molles
Trempées
Le livre est piégé dedans
Béant et dépecé
Gibier de pages 
Rincé par la flaque et les pétales blondinets
La fine marge rouge est écorchée
Elle saigne
Des petits caillots coulent
Le livre vagit dans le silence du soir cyanosé
Hémorragique





Elle a dû naître dans un encrier. Sylvie Franceus ne voit pas d’autres explications à la plume qui ne se détache jamais du bout des doigts de sa main droite. Elle est droitière et l’encrier, en porcelaine blanche. L’encre et son regard ont la même couleur. Les mots sont ses chandails et ses bols de soupe, ses bulles de savon et ses gouttes de sueur. Elle écrit des textes microscopiques, des nouvelles et des fééries poétiques. Présente dans les n° 39 et 40 de Lichen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire