Suzanne Derève



 

Ame qui vive


Ame qui vive ?

Non, le bruit du vent.

En sentinelle, la lisière des enclos, les fûts dressés

des sapinières

et de courtes brassées d’épines : chardons, carlines, genévriers,

le lit du vent.


Celui du causse court en longues foulées sonores

semblables à la rumeur d’une mer ancestrale,

essaime un pépiement d’oiseau,

nasillard, monocorde,

émonde l’Aubrac de ses brumes.


Choisis une pierre de calcaire, blanche et dorée.

Grave-la de ton nom.

Je te couronnerai roi d’une solitude où seule vit,

souffle et trépigne la grande harpe du vent.

Epouse-la, ou fais-toi homme du silence pour la combattre

tant elle nous tient dans sa main, étrangers,

incongrus, couvrant le chétif grelot de nos voix,


nous forçant à remettre à plus tard de dire

l’étoupe blonde des prairies harassées,

l’argile lourde des chemins, l’arpent noir

des forêts, et seule âme qui vive,

le babil insensé de l’invisible oiseau,

son chant nuptial dans la longue liturgie

du vent.



Venue tard à la poésie, Susanne Derève vit depuis 35 ans à Brest, sa première source d’inspiration. Elle partage le blog de poésie « Art et Tique et pique-Mots et gammes » avec le peintre et poète René Chabrière depuis 2018. Une publication dans Tarmac en 2019, une à venir dans Cabaret en juillet 2022. Présente dans les numéros 71, 76, 77 et 78 de Lichen.


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