Vue mer
Vois-tu, la digue au loin, le bras amoureux des terres
enlaçant le rivage,
et sur le blanc corsage des vagues,
la loupe étincelante du soleil quand cède
le brouillard,
son scintillement de perle noire
Le port baigne encore dans la brume
emprisonnant des effluves de colza et de souffre,
écharpes blanches pour rouges squelettes
— de ces épaves agonisantes qui gisent à quai
dans l’odeur rance d’huile et de fiente
comme de vieux lampions brisés —
Au long de la Criée veillent les mouettes nonchalantes
un bécasseau becquette
indifférent
au soleil qui déverse soudain ses cuillères d’argent
sur les cafés crème en terrasse
ses dentelles de baptiste sur l’eau
et tire un instant de l’insondable oubli
la rouille brune des cargos
Susanne Derève est venue tard à la poésie, et Brest où elle vit depuis 35 ans a été sa première source d’inspiration. Elle partage le blog de poésie « Art et Tique et pique-Mots et gammes » avec René Chabrière depuis 2018. Publications dans Tarmac, Cabaret... Présente dans les n° 71, 76 et 77 de Lichen.
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