Stéphane Marty


Océans hallucinés
Dont les bras frappent aux murs
Qui virilement bandent
Jusqu'aux cieux
Qui frappent aux murs
De tous les bras morts
Et qui se lascèrent
Sur les lames hérissées
Des frontières froussardes
Des frontières barbelées.

Océans hallucinés
Qui se tordent
Comme un linge
Et expriment
Sur la table
Du sable
Le corps les larmes
Des sans feu ni lieu
Comme un paquet de linge sale
Tiré d'un paquet de mer.

Les eaux usées
Les os usés
Debout
De boue

Océans hallucinés
Le sixième continent
N'est pas constitué des déchets
Des sociétés
Avancées
Industrielles
Le sixième continent
Est constitué
De tous les cadavres
Dont tu es tricoté...

Et moi les deux pieds
dans le même sabot
Et moi
Mes deux piquets de bois
Lancés vers le ciel
Moi qui plante mes dix doigts
Sur l'azur effacé
Par cette nuit pour mil ans
Tombée sur nos contrées...




Né en 1961, Stéphane Marty n'avait rien publié, bien qu'il écrive depuis l'âge de douze ans. Ses écrits, remisés dans cartables et mallettes, le suivent partout au hasard de ses pérégrinations dans l’existence. Il a exercé divers métiers, pendant une dizaine d'années, puis intégré la RATP de papa, où il est resté près de vingt-huit ans. Rien d’extraordinaire dans sa vie, dit-il : « Une existence de travail, de l'amour, qui ne dure pas toujours, des enfants et des petits-enfants. Mais tout de même, des moments lumineux. Les livres sont de ces moments-là. Entre André Dhôtel et Constantin Cavafy, ils sont quelques petits cailloux blancs qui me permettent de continuer le chemin. » Le sort l'a installé en Seine-et-Marne. Présent dans les n° 28 et 36 de Lichen.

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