Sébastien Houÿ

 

Midi crépusculaire

 

Je voudrais bien vivre dans les poèmes de René Char 

Partout la foudre vous caresse comme une mère et la nature dans sa déflagration vous épargne

Être parmi ses frères dans la beauté robuste des métaux forgés par la voix

Je voudrais toute l’ardeur d’un espace infini et les tremblements d’une résistance matinale.

Alors je pourrai fuir le soleil et tourner le dos au ciel et mes joues engourdies par la gifle du mystère me feront lever le front au pied des arbres rebelles.

Quête des monts où les chiens enragés lèchent les mains des plus insouciants qui disent prévenir quand ils vont

Je voudrais vivre dans la fulgurance des encouragements.

Et puis j’irai côte à côte avec le vent fidèle aux saisons 

Et dans le reflet apparu d’une ondine personnelle je devinerai la vérité publique d’un devenir heureux. 

Le soir serait rouge comme le premier soir du monde et la vie serait dure et l’aurore brûlante et la soif âpre mais tellement plus essentielles au bord de la réciprocité.

Enfin je ne désirerai plus rien je resterai grelottant au bord d’un ruisseau cendreux d’un midi crépusculaire 

Et cet état de nudité apprise sera ma consolation. 

 

 








Né en 1980, Sébastien Houÿ pense que la poésie « pourrait bien être une nuit qui promet le jour ». Le présent poème provient du recueil inédit Le Visage de l’Éloignée. Présent dans les n° 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 45, 46, 47, 48, 49, 57, 58 et 59 de Lichen.

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