Sandrine Cerruti

 

suies


rien à espérer
                                    plus rien

n’attends pas après le piégé-disparu
                                    ce sont les suies
elles sont l’oubli

                                     le lu-jeté-carbonisé
indéchiffrables leurs dissimulations aux conduits en plaques noir-amnésie
n’essaie même pas de percevoir leurs vestiges crasseux    seule la démolition dévoile le
désastre couleur de pupille mutique (leur anthracite taiseux caractéristique)
suies
                            elles sont le tout-dit-tout-écrit-carbonisé
                                  l’agglutiné-crissant

elle saute pourtant à la figure la toxicité de l’onguent malodorant formant aplat- taiseux-
comme-incrusté-aux-parois
cette matité des restes     cet évanoui déposé en résidus des gestes-à-déchiqueter
c’est la curée pariétale des flambées définitives

ton méchant petit jeu avec les allumettes    son résultat  est l’impardonnable ignorance de
la radicalité du feu

mords-t’en les doigts
ne fixe plus les suies tu entendrais le trop-tard de ses crissements mnésiques
      tu t’infligerais la torture du devenu illisible par tes mains incendiaires
      détourne tes yeux de la toute-présence de l’indéchiffrable
suies
      alchimie de l’inversé sans retour




Sandrine Cerruti est enseignante, sophrologue et maman d'un garçon de 8 ans. Outre une formation en Lettres modernes, Sciences du langage et Philosophie, elle a vécu une vie à beaucoup lire. C'est son nutriment. Elle entretient « avec les mots une relation métabolique » et a définitivement décidé que la poésie serait sa vraie maison. Elle a le projet d'une thèse pour sortir la poétesse Céline Arnauld de l'ombre. Présente dans les n° 58, 79, 80, 87, 90 et 94 de Lichen.



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