Sandrine Cerruti

 

charnier

 

il est avibratoire

il est inchanté le chant de l’oiseau des charniers

 

pourtant c’est celui que l’oiseau ne cesse de chanter 

 

il est l’éternel imperçu 

le chant dont nul ne peut attester 

chant-tu-au-monde 

parce que son chant en forclusion est celui du premier charnier

celui du charnier fondateur                                   

syrinx tu aux ondes humaines

syrinx impotent aux alarmes

alerte invalidée au premier chant tu

 

sonde des charniers

sonde à  stratigraphier le charnier

charnier mesuré à l’aulne de l’humanité désertée d’elle-même 

humanité autoexterminée

humanité pendue-perdue-suspendue aux rebords mutiques de ses charniers

de la totalité des charniers depuis le premier                tout premier charnier

charnier mère           charnier originaire

 

celui aux êtres                                  précipités

 

être décimé

être exterminé

être génocidé

 

son chant que nul ne saura percevoir                  c’est celui des hécatombés

c’est l’inchanté de l’oiseau veilleur

oiseau ton chant mort-né                                      

chant renversé au rebord du premier des charniers     

 

nul n’entend la grande ode muette 

très grande ode au non-être

c’est parce que son chant est disparaître





 

 

Sandrine Cerruti est enseignante, sophrologue et maman d'un garçon de 8 ans. Outre une formation en Lettres modernes, Sciences du langage et Philosophie, elle a vécu une vie à beaucoup lire. C'est son nutriment. Elle entretient « avec les mots une relation métabolique » et a définitivement décidé que la poésie serait sa vraie maison. Elle a le projet d'une thèse pour sortir la poétesse Céline Arnauld de l'ombre. Présente dans le n° 58 de Lichen.

 

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