Raphaël Rouxeville

 

Bordures

 

Dans l’agitation des signes. Agencer des constellations, des visages. Qu’on souhaiterait bien voir. Tellement pâles dans l’abri de la nuit. Agir un peu fou, au milieu du village, en dépit des bordures, traçages, fils, haie. Dépit de tout ce qui clôt, sépare.

 

Alors reconnaître, sans armes, sans crayons, au-dessus des buissons, que quelque chose excède. Se tendre vers ce quelque chose. Réverbérant. Conséquent. Plus large que la Suède bleue, l’océan.

 

Et retomber immédiatement, comme seuls le font les enfants. Nu et pauvre, si lourdement inanimé. Revenir de l’agitation des signes.

 

Puis s’escrimer à nouveau en ravaudant des toiles.

 

°

 

Encrage

 

Mots d’un unijambiste, dans l’exaspération des plateaux. Ici, paroles de vent et d’herbes.

Où s’entendrait dans la mer le retour de sa jambe.

 

Observer la friche. L’absorber. D’un uppercut au ventre. Transparent.

 

Bords de noir. Une couronne et le monde qui vacille, ces jours. Partir de rien, de ça, de soi. Le traçage, même éperdu, reste infime. Un peu d’encre répandue ici.

 

La déglue. N’écrire rigoureusement ni pour ni sur ni contre personne. Manipuler seulement le blanc. Après l’éclaboussure.

 

 




Raphaël Rouxeville a étudié et enseigné les lettres modernes. Originaire de Normandie, il vit dans la Nièvre depuis dix ans. Né en 1971, l'écriture poétique lui est tombée dessus tardivement, sans crier gare (ni rien d'autre), à partir de 2015. En 2017, certains de ses poèmes ont été publiés par Terre à ciel et Le Capital des mots. Une publication est attendue dans la revue DéchargePrésent dans les n° 19, 20, 21, 22 et 33 de Lichen.

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