Pierre Ech-Ardour

 




"Polyphonique offrande"



Berechit (*) בראשית (au commencement de) :

Médians mirages des diaprées pergolas,

longitude marine de respirations,

luisant berceau de vagues soutachées,

bordent mes arbres serpentine une rive.



(*) Pentateuque, Genèse 1,1 



 

Pé el-pé

 אל-פה פה (bouche à bouche) :

À l’apôtre de mer

en les vagues aérées

l’immortelle chimère

est soleil acéré



Nitsots ניצוץ (étincelle) :

Inentamé silence à combler

impossible fragment d’abîme

voyage la béante faille

à l’instar de l’inimaginable absence



Bethokhah בתוכה (en elle) :

Migrante nuit des cieux altérés

fermente le frisson

de mon pétrifié rivage

à l’aulne d’un limon somnolent.



Tabur טבור (nombril) :

Intime la pensée

dénudée prend nouvelle

une lumière d’avenir



Sod סוד (secret) :

Tel le grain de sable

tout au plus innommable

préexiste inaccessible

le cri d’analogie






Pierre Ech-Ardour réside à Sète. En son rapport intime aux lettres, sa poésie, « tours de mots » où interfèrent extrinsèques lumières et clartés profondes, incarne la parole d’une utopie propice à l’approche des sources du monde. Sa poésie traduit ce battement, cette trame discrète où s’orfèvre le poème ; chaque mot porte le déplis d’une pensée poussée à l’orbe des confins. L’écriture, jouant de sa lumière et de sa contre lumière, laisse doucement à l’entente la palpitation du froissement et du défroissement des mots, conservant perpétuels leur vastité et leur espoir. Ce sont dans ces amples et discrètes variations que la parole trouve son surgissement de visage, cette force particulière d’être elle-même l’envol de ce qui d’un coup se dévoile à la vue et à la pensée et aussitôt se dérobe, insoluble. Et si se laisse saisir par la peau que donne la traverse des langues, des souffles terrestres, des sensualités et des mémoires d’une certaine intimité, sa poésie est une voix portée, une entière adresse à l’humain et à son tremblement d’infinité.

Il a publié une quinzaine de recueils de poésie et a obtenu en 2018 le Premier Prix de Poésie décerné par les Gourmets de Lettres sous l'égide de l’Académie des Jeux Floraux à Toulouse.

Présent dans les n° 95, 97, 100, 103, 106, 107 et 109 de Lichen.





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