ll fut soir il fut matin (page 23)
Quel repos trouver
en ce jour septième ?
Quelle mémoire pour
nourrir mon éveil ?
Au front de l’arbre
émergent mes ailes
de l’empyrée-miroir
vers ta bouche nue
Le jour de sonnerie
où de la source la plainte
adoucit ton cœur et
resserre au jour nos nuits
de l’existence ce souffle
dénude d’exil un passage
Il fut soir il fut matin (page 53)
De l’émergence à la strate de la frondaison
à la faveur d’une percée de lumière ventée
en survol des layons à la cime du regard
réverbèrent racinaires les entrelacs d’errance
Suspendue à la canopée opacifiante voile
la nuit l’humus d’étoiles au pied des volis
Anthropomorphes allures de houppiers
gémit debout la mâture la hune arborant
Du refuge fleure l’aménité spatiale l’outre-nuit
Humide et pâle migratrice s’épand la brume
autrefois apprêtée de miellats attendris
accablée ce jour de débris d’écrasés palais
Vibre chaque semaine au sortir de l’ombre
luminescente la dévoilée rosée du retour
Pierre Ech Ardour réside à Sète. En son rapport intime aux lettres, sa poésie, « tours de mots » où interfèrent extrinsèques lumières et clartés profondes, incarne la parole d’une utopie propice à l’approche des sources du monde.
Sa poésie traduit ce battement, cette trame discrète où s’orfèvre le poème ; chaque mot porte le déplis d’une pensée poussée à l’orbe des confins. L’écriture, jouant de sa lumière et de sa contre lumière, laisse doucement à l’entente la palpitation du froissement et du défroissement des mots, conservant perpétuels leur vastité et leur respir.
Ce sont dans ces amples et discrètes variations que la parole trouve son surgissement de visage, cette force particulière d’être elle-même l’envol de ce qui d’un coup se dévoile à la vue et à la pensée et aussitôt se dérobe, insoluble. Et si se laisse saisir par la peau que donne la traverse des langues, des souffles terrestres, des sensualités et des mémoires d’une certaine intimité, sa poésie est une voix portée, une entière adresse à l’humain et à son tremblement d’infinité.
Il a publié une quinzaine de recueils de poésie et a obtenu en 2018 le Premier Prix de Poésie décerné par l’Académie des Jeux Floraux à Toulouse. Présent dans le numéro 95 de Lichen.
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