Philippe Labaune


La ballade de Desert Eagle (1)

1. Swing pied droit dans l’écran de la téloche ça bave bleu partout la mire en giclées plein la tête du blue et un et deux et vlan Suicide joue jukebox babe ouch peux plus les voir les trop de signes d’objets d’images démolissons même les ruines et bang jean chemise bretelles jaune blanche rouges tenue du dimanche encore un coup last time dessiné gros fort et à la bière you’d better work bitch 

2. Aspiré par la machine recraché de nuit au désert ouesterne comme j’en rêvais petit j’entends les têtes parlantes et les serpents à ssssonnettes chanter salut cow-boy qu’est-ce que tu mattes sur ton cheval dans le bleu de la nuit américaine comme l’éclair sur mes pompes vernies dans le sable tu glisses de l’autre bord de la colline et c’est indolore et c’est moi dans quelques heures la puissance d’un cheval à l’arrêt 

Interlude - Saupoudré de gris un geste de la main la besace et l’ennemi qui guette ça tangue dans la maison en mouvement j’entends encore les trompes du désert je chante et ça répond en chœur lève un bras et l’autre l’assaillant de baisser la garde et me prendre contre lui fin de la guerre d’Espagne en électrofunk à suivre l’avilissement continu avers et revers d’un monde de bruit et de fureur William sors de ton trou 

3. La fille à la Cadillac en plein soleil bientôt ici votre pavillon avec piscine quadrichromie quatre par trois à l’américaine y a quoi dans ton coffre je descends la bute le soleil comme une râpe sur l’échine le skaï du volant va me cloquer les paumes ça pue à l’arrière on a tous quelque chose à cacher je pratique l’anesthésie sensible l’opérateur verbal cogne sous le capot brûlant je ne regarde plus pour voir 






(la suite de cette ballade sera publiée dans le prochain numéro)

Philippe Labaune vit et travaille à Lyon. Metteur en scène, il a fréquenté nombre de poètes : Rilke, Pessoa, Collobert, Zürn, Gleize, Prigent, Dubost, mais aussi les textes de la jeune génération de dramaturges : Roche, Mougel, Gallet. Il défend un « théâtre de poésie » qui ferait la part belle à la perception sensible et inconsciente, à la musique de la langue. L’écriture émerge aujourd’hui comme une rivière souterraine qui atteindrait le jour après tant d’années de travail invisible. Présent dans les n° 28 et 29 de Lichen.

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