Lettre morte
chère
nous avons de beaux titres à l’amour
une glossologie névrotique qui se fracasse contre les vitres du corps
une galerie de glaces
le labyrinthe de l’identification paroxystique
pourtant c’était peu de choses de larguer les enclumes
nous aurions pu tenir le silence à pleines mains
l’humour immense du miroitement
derrière chaque miroir se trouve une lame qui ne demande qu’à trancher la question
l’amour serait donc ce paroxysme cette ruée ce rire qui s’enfle
abcès de l’abîme ?
d’où les propositions suivantes
l’abîme est un écoulement que l’enfance ne peut étancher
l’amour est une peur du silence
une femme en deuil qui distribue les effets d’un mort
il n’y pas de moyen terme pour ceux qui s’aiment
pour ceux qui s’aimaient dans les profondeurs de l’abîme
le vitrier va venir remplacer les miroirs de ma prison
le vitrier va venir liquéfier le verre de son poison
Phil Powrie est professeur des universités en études cinématographiques, au Royaume-Uni. De double nationalité anglaise et française, il écrit des poèmes dans les deux langues depuis son adolescence. Ses poèmes en anglais ont paru dans les revues South et Ink, Sweat and Tears. Présent dans le n° 86 de Lichen.
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