Phil Powrie

 

Cette putain de vie

 

si je n’avais plus que trois mots à te dire je dirais je t’aime

parce que dans cette putain de vie les mots font boules de neige

que ton regard fait fondre en larmes

 

si je n’avais plus que deux mots à te dire

je t’en offrirais trois

je dirais je t’aime

parce que dans cette putain de vie ce sont des mots qui vont droit au but

comme un ballon de foot qui ne touche jamais le sol

 

si je n’avais plus qu’un mot à te dire je dirais quand même je t’aime

parce qu’il n’y a que des clichés dans cette putain de vie

ce sont des instantanés qui se fripent et qui se fanent

ils dépistent l’amour comme un skieur qui dévale

avec le plus grand naturel et tout à fait par hasard

dans un terrain de foot

et qui ne touchera jamais le sol

 

si je n’ai plus de mots à te dire

c’est parce qu’on m’aura coupé la langue

et alors d’une manière ou d’une autre

je ferai savoir au skieur comment il pourra te trouver dans cette foule béate

parce que tous les clichés du monde fondent dans ton sourire

 

 

 

 

Phil Powrie est professeur des universités en études cinématographiques, au Royaume-Uni. De double nationalité anglaise et française, il écrit des poèmes dans les deux langues depuis son adolescence. Ses poèmes en anglais ont paru dans les revues South et Ink, Sweat and Tears. Présent dans les n° 86 et 87 de Lichen.

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