Deux extraits de Ceux qui m'aiment (prendront le train)
Ceux qui m'aiment ne sont pas légion mais ils vont souvent à pied ou en voiture. Ils prennent rarement le train. Ils n'arrivent pas fatigués. Leur langue ne pend pas. Leur sexe ne pend pas. Ce qui pend parfois est l'âme, mal rangée, elle se débraille toute seule.
Elle pend comme une langue, plus rouge ou plus noire, cela dépend de la lumière et de l'œil qui regarde.
Elle pend de façon obscène et reposante à la fois qui hésite entre l'exhibition et la maladresse.
Elle ne sait pas trop où aller alors elle bée pendue bêtement.
L'âme placide et flasque des amants pend souvent au mauvais moment.
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Ceux qui m'aiment prendront le train. Ils s'arrêteront en rase campagne, en rade de désir, en attente, en entracte.
Le train sera à l'arrêt et ils danseront. Ils marcheront un peu et danseront sous les ponts. Puis, ils reprendront le train là où il s'était arrêté.
Ceux qui m'aiment surprendront les bêtes sauvages cachées dans les sous-bois, prendront les bêtes par les cornes et par la croupe, apprendront combien les bêtes sont humaines parfois. Ils prendront leur temps et leurs jambes à mon cou. Cela fera du joli, un collier en pénis. Cela fera du joli, l'auréole de sperme.
Ceux qui m'aiment passeront du temps avant de passer à autre chose. Ils repasseront plus tard. Ils pourront toujours repasser. Le train sera reparti.
Née à la poésie il y a longtemps, Perle Vallens y est revenue il y a peu, en privé. Ce n'est qu'à l'automne dernier (on pourrait dire l'automne de sa vie) qu’elle a commencé à rendre certains textes publics, ici ou là, à écrire des nouvelles régulièrement, notamment pour des appels à texte, ainsi que de la poésie, classique ou en vers libres. Présente dans les n° 17, 22, 25, 38, HSC, 51 et 59 de Lichen.
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