Paul Bocognani

 

 

 

Le vin du jour mâchait pour moi mes rêves immobiles
J’avais dans les yeux les restes jaunis de quelques joies d’enfance
Le ciel avait un goût d’orient et lardait les rues de langues à l’agonie
Et mon cœur s’enivrait tristement des lumières de la Sierra
Mes pas suivaient les pavés et comptaient les mesures à vivre
J’étais loin dedans moi et mes bottes communiaient avec le vent du Sahara
Il y a en Andalousie des airs qu’on ne joue que la nuit
Et dans les caves qui pleurent
Autour de la Plaza Nueva
Serrant les dents sur le malheur de l’aube j’allais à l’absence
qui coule dans les palais en ruine
Jamais une aube n’avait versé autant de malheur
Et mon cœur s’enivrait tristement des dentelles blondes du Sacromonte
Des larmes comme des fantômes
Et de la dernière aube sur Santa Ana

 

 

Paul Bocognani a été publié notamment dans les revues La Piscine, Poésie:première, Soleil Hirsute et Poétisthme. Présent dans les n° 74, 75, 84, 85, 90, 92, 94, 98 et 100 de Lichen.

 

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