Olivier Bastide

 


Jazz (2)


Dizzy Gillespie

C’est un déboulé scandé, articulé, étonnant, détonnant, et de vifs suraigus criant la vie, la joie, le mal, l’humanité.

C’est un béret, et des lunettes, et une trompette dressée au ciel.

C’est une révolution ; c’est un fol exotisme ; c’est une nuit en Tunisie !


Sonny Rollins

Il va d’une belle rondeur, s’essaie à l’hésitation, sait son inspiration ; ça souffle et laisse place à toute imagination. Et quand il veut, son envolée déploie ce qui n’est pas déchainement, ce qui n’est spécialement facile, ce qui est une belle assurance, curieusement retrouvée par des jours et des nuits au pont de Williamsburg.


Bill Evans

Son corps plié sur le clavier, à dix doigts, édictait la beauté, en disait l’insistant bonheur. Beauté et bonheur d'une nécessaire conversation avec d’autres lui-même. Son piano, toujours en dialogue, parle une langue neuve.


Stan Getz

Sa voix portait le sang chaud du sax. Chaud mais avec le timbre le plus feutré, sans perte d’attention, sans rêverie aucune. A tout jamais l’alliance miraculeuse des antipodes, la soumission des contraires au souffle d’une évidence.


Coda

Ils ont pris les instruments, ont soufflé, tapé, frotté, pincé comme ils le pouvaient, comme ils l’inventaient ; et ce fut eux, bien d’autres encore, d’autres…


(La première partie de cette suite a été publiée dans le n° de Lichen précédent.)




Olivier Bastide est photographe et poète. Pour lui, l'œuvre d'art conjugue une éthique et une esthétique. En décembre 2022, paraîtra, chez Tarmac éditions, son nouveau recueil de poésie : Ponctuation forcenée de l'ordre des choses. Présent dans les n° 77 et 87 de Lichen.






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