Pierre de Rosette (5)
Si toutefois tu me quittes, prends bien soin de laisser la porte ouverte en partant – que le monde puisse entrer, que je puisse entrer en lui après t'avoir fait un enfant de mots et de silences – aussi ne me délaisse pas trop longtemps, écris la fin du livre avec une larme pure, sache, et signe.
Qu'elle soit aussi heureuse que ce clochard quand je lui offre une cigarette.
Qu'elle soit heureuse comme la pluie : plus nu que nu, c'est le baiser qui déchire les lèvres. C'est le mélange de nos haleines. Ton corps je le resserre dans les casses d'une écriture. Je vois tes seins lourds du sens que je leur donne dans le blanc de mes pages.
Et, le noir ce serait, sans souci aucun, la vague, l'écume, la perle.
Le petit matin grêle y traîne sa caboche. Son insomniaque lueur. Poitrine. Broigne dépecée. Phylactère ou porte-bonheur. Yeux caves. Cernés d'oublis. La peau ? Une idée. La vie ? Un vœu. Le vœu ? La vérité n'existe que si tu y crois. Je touche ta peau ma vie. Je forme un vœu une tour de solitude un guet dans le froid. Pour rapprocher les rives et. Un caprice d'abricots secs. Les nougats, les cajou. L'exister, cette vie qui ne vaut rien. Sur un métronome de diablesse. La peau ? Une idée. La vie ? Un vœu. Le vœu ? Aller dans le puits de soi. D'une soie d'araignée du soir. Aller dans le chaud, dans l'Être. Redevenir eux tous. Pour me changer en moi.
Nicolas Jaen réside à Toulon, où il est né en 1981. Livres publiés (entre autres) : La nuit refermée (L'arachnoïde), Les éblouis, roman (MLD), À port de temps (collectif), Ce chant éloigné, Coquelicot, autoportrait froissé et Livre noir (tous trois à l'Atelier des Grames). Présent dans les n° 10, 22, 23, 24, 26, 27, 28, 29, 30, 31 et 32 de Lichen.
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