Nicolas Jaen


Pierre de Rosette (4)

Un monde sans ombres, c'est un monde sans nuances – et tout ce qui n'héberge pas une part d'ombre en soi est comme une assiette, toute blanche, posée en ornement, inutile.

Or l'Aventure commence ailleurs.

Avec l'assiette et ses fleurs en morceaux, par terre, à mi-nuit.

À cette heure du matin que l'on croirait un dimanche soir, chez soi, après s'être endormi sur un festin.

Le ventre travaillé par une lame de fond : écrire aux entrailles.

Aux intailles.

Devenir tous ceux-là.

Pour l'enfance du ciel, j'ai revécu les années folles dans le bleu-gris des yeux de grand-père. J'ai vu les yeux de ma grand-mère. Et ses doigts fragiles exécuter le même mouvement du sucre et de la cuillère dans le thé ; comme une gymnastique de l'âme. Tu ne vois pas comme elle peut être belle parfois. Tu ne vois pas comme ses moues se fissurent derrière ses sourires. Elle est magnifique, tu sais. Elle est celle qui est. 

Si la lune savait cela,
les loups seraient guéris.






Nicolas Jaen réside à Toulon, où il est né en 1981. Livres publiés (entre autres) : La nuit refermée (L'arachnoïde), Les éblouis, roman (MLD), À port de temps (collectif), Ce chant éloigné, Coquelicot, autoportrait froissé et Livre noir (tous 3 à l'Atelier des Grames). Présent dans les n° 10, 22, 23, 24, 26, 27, 28, 29, 30 et 31 de Lichen. 

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