Mustafa Kherbouche


Le masque

Sans que ne déborde une joue trop rose ni que se trahisse un fond d’humanité, les yeux se dérobent tel une masse remuante d’asticots sur le chat qui gît – n’ayant jamais demandé à être pondus si nombreux – ils finiront séchés par le soleil s’ils ne donnent des mouches qui feront la même erreur, massacre perpétuel dans le déni, perte du génie dans la folie des montres, le progrès va trop vite pour ces paysans de jadis perdus dans la houle de ce siècle. Pardon à toute couleur intruse, pardon à toute âme en détresse, l’histoire vous passera sur le corps et s’y attardera, personne ne regardera hors de son masque. 
Mais tout enfant grandira et se souviendra des chats morts. Tous sauront et ne pourront le dire ; ne sont-ce pas des enfants légitimes, avons-nous choisi ? 
La déferlante d’asticots ignares leur tombera sur la tête et les dévorera. « L’ennemi c’est eux », dira-t-elle, oubliant les mères et leur ponte frénétique. 








Mustapha Kherbouche, né en 1994, quitte sa Kabylie natale en 2016 et s'installe à Marseille pour poursuivre des études de biologie. Passionné de botanique et de littérature francophone, il a deux passions, deux langues. Il cherche par l'écriture à retourner à son « état d'homme des cavernes » pour qui « la complétude du désir, l'amour préhistorique » est intacte ; dépassant ses contradictions pour se « rassembler » à la surface, son époque. Présent dans le n° 47 de Lichen.

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