Michelle Grenier

 

Poémienne

 

Dans les lignes de ses mains 

Elle écrit mille fêlures

Celles qui ouvrent les chemins

À l’envers des nervures.

À travers les champs du monde

Nul ne sait si elle est   

Océanienne, métis Indienne

Fille du vent ou Poémienne.

Elle valse entre terre et ciel

Se déhanchant aux hémisphères 

Et pas besoin de passeport !

À la proue des brisants, 

Elle va du côté qui tangue

Car elle est matelote

Et ne s’effarouche guère

Des rafales à venir.

Sa botte secrète, c’est le mot 

Qui fend l’écume

Et ricoche à tous les échos.

Elle est cet oiseau prunelle 

Aux longs cils fougère

Qui voit le monde et vous l’offre. 

Elle jouit du temps que voilà 

Tant qu’elle respire, 

Elle chantera.

 

 




Michelle Grenier convoque toutes les voix dans un métissage de sublime, de mélancolie et de fantaisie. Parole frondeuse qui affronte la vie au plus près de la faille, ouvrant une brèche sur le monde.Témoin de notre chaos, « Poémienne » écrit comme elle respire. Tentative d’arrachement aux broyeurs de vie pour faire entendre une langue vive qui cavale en bordure des marges. C'est sa première apparition dans Lichen.

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