Michel Meyer

 



j’ai beaucoup de

parfois je m’écoute

enfin j’essaie

c’est vraiment pas évident

on comprend vraiment que dalle

j’essaie de dire de m’écouter dire

enfin j’essaie d'essayer je crois

ainsi j’ai beaucoup de

et c’est complètement emberlificoté

et quand ça dure ça devient pathétique

et super drôle en fait, on dirait une blague

je crois que l’humour est au moins aussi important que l'amour

ainsi j’ai beaucoup de je veux dire beaucoup de

et c’est important la façon de ne pas arriver à dire

la chose qui disparaît au moment même où on voudrait la dire

la chose ou la robe ou la salad dressing

appelons les choses par leur nom

et les éboulis par leur nom d’éboulis

il y a eu, il y a certainement eu

mais d’une façon tellement pas répertoriée

que j’en bafouille encore

40 ou 50 ou 90 ans plus tard

ainsi j’ai beaucoup de

tendresse pour moi




Michel Meyer travaille l'image et le texte dans la région de Strasbourg depuis quelques décades. Il a publié dans les revues Ouste, FPM, ou encore Traction-Brabant; parfois il fait un film.  C’est sa première apparition dans Lichen.

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