Michel Diaz

 

derrière la maison, à flanc de pente, juste avant les collines, au bout des rangs de vignes, dans le vent furtif qui soulève une fuite d'oiseaux, s'est posée en douceur la pierre du matin, pareil aux autres jours et à tous les matins du temps, parfumé de soleil timide, accueilli à bras nus et salué de battements dans la poitrine, comme doit l'être en terre humaine tout visage inconnu 

 

matin de houle dans les herbes fraîches et de terre surgie, armée de forces neuves et de sang primitif, mais que vite on clouera, promesses et espoirs, au lit de l'habitude et à l'usure des saisons, à l'issue incertaine de ses chemins et aux argiles de l'oubli 

 

– juste avant les collines, au bout du dernier chant d'oiseau, ne reste qu'un passage étroit entre ciel et pénombre, avec un rien, devant, qu'on ne sait pas, qui fuit et reprend pied sur l'autre rive, celle là-bas, la ligne obscure, à la lisière du regard, horizon vers lequel on tâtonne, creusant l'air comme au fond de la mine, poussé toujours devant et telles les eaux vers la mer, vers un inconnu sans limite et, en ces jours que l’on dirait privés de lendemain, sans l'ombre de personne 

 

 




Michel Diaz a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages (textes dramatiques, poétiques, nouvelles) chez différents éditeurs (P.-J. Oswald, J.-M. Place, Jacques Hesse, L’Amourier, L’Harmattan, Christian Pirot, N & B, L’Ours blanc, Cénomane, Musimot…). Outre des livres d’art en compagnonnage avec des artistes, peintres ou photographes, il a travaillé également sur de nombreux livres d’artistes à tirage limité. Collaborant à des revues (Chemins de traverseL’IresutheCRVPoésie/PremièreÉcrit(s) du NordLa Voix du basilicEncres vives…), il est directeur de la collection « Nouvelles » pour les éditions de L’Ours blanc. Présent dans les n° 5, 6, 7, 8, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 20, 23, 27, 34, 35, 36, 57, 60 et 61 de Lichen. Ce texte est extrait du recueil (inédit) Quelque part la lumière pleut.

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