Michel Diaz

 

celui qui penche son visage sur la mer se perd dans la fumée de sel des vagues, le ressac brise son regard dans un bruit d'arbres secs, cliquetis de cailloux à travers les cils refermés 

 

creux de temps que ne comble plus rien de l'espace, creux de l'âme que ne remplit plus rien du cœur, ni aucune pensée, ni aucun mot décoloré sur les plis de la langue 

 

celui qui penche son visage sur la mer pour se défaire de lui-même, comme au- dessus d'une eau courante ou du peuple invisible qui habite les herbes, celui-là sait qu'il a un mot dans la bouche qui guette ses paroles quand il voudrait parler, mais que pour vérité il n'a que le silence, un silence bardé de cris de peur, de douleur et de guerre, les cris d'un corps vivant jeté parmi les autres corps vivants, mais des cris cachés du dehors par tous les tumultes du monde 

 

... un silence où la paix s'alimente de sa solitude centrale, dans la nuit d'une nuit introuvable en son impartageable profondeur 

 

 




Michel Diaz a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages (textes dramatiques, poétiques, nouvelles) chez différents éditeurs (P.-J. Oswald, J.-M. Place, Jacques Hesse, L’Amourier, L’Harmattan, Christian Pirot, N & B, L’Ours blanc, Cénomane, Musimot…). Outre des livres d’art en compagnonnage avec des artistes, peintres ou photographes, il a travaillé également sur de nombreux livres d’artistes à tirage limité. Collaborant à des revues (Chemins de traverseL’IresutheCRVPoésie/PremièreÉcrit(s) du NordLa Voix du basilicEncres vives…), il est directeur de la collection « Nouvelles » pour les éditions de L’Ours blanc. Présent dans les n° 5, 6, 7, 8, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 20, 23, 27, 34, 35, 36, 57 et 60 de Lichen. Ce texte est extrait du recueil (inédit) Quelque part la lumière pleut.

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