on voit ce qui se joue de volonté secrète dans le froissé d'un arbre qui prête son oreille au vent, ce qui d'un ciel d'après l'orage se délite au sommet des collines, s'y dissout comme l'eau dans la soif où s'épuise un reste de pluie
quand la secousse d'un printemps précoce fissure le silence blanc neigeux d'un matin d’avril sans lumière, que s'avance cette autre lueur de l'arrière-pays des brumes, comme un vol confus de voyelles à la vitre du paysage
– si loin est ce qui se retient de combler la distance, si proche le réel quand les yeux se font disponibles à ces graines sans poids dont germeront les mots
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on devine aux rumeurs des racines, au silence impatient des sèves, quel envol bientôt germera, ce qui palpite et se déchire à la limite de la chair
on reconnaît sa voix et son frissonnement, comme d'une algue sous les eaux, cela, qui ramené au jour, sera de l'amitié d'une paume posée sur l'épaule, de celle du couteau qui taille dans le flanc que lui offre le pain du partage, et de celle des yeux rendus à leur regard
de celle encore palpitant sous la peau rugueuse de l’arbre, ce battement sourd de la sève, ce qui d’elle parcourt notre sang, comme un élan d’épiphanie traversant tant monde que nous
don infini, joie et détresse d’une trop furtive éclosion
Michel Diaz a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages (textes dramatiques, poétiques, nouvelles) chez différents éditeurs (P.-J. Oswald, J.-M. Place, Jacques Hesse, L’Amourier, L’Harmattan, Christian Pirot, N & B, L’Ours blanc, Cénomane, Musimot…). Outre des livres d’art en compagnonnage avec des artistes, peintres ou photographes, il a travaillé également sur de nombreux livres d’artistes à tirage limité. Collaborant à des revues (Chemins de traverse, L’Iresuthe, CRV, Poésie/Première, Écrit(s) du Nord, La Voix du basilic, Encres vives…), il est directeur de la collection « Nouvelles » pour les éditions de L’Ours blanc. Présent dans les n° 5, 6, 7, 8, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 20, 23, 27, 34, 35, 36 et 37 de Lichen.
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