Ni les charmes des jeunes Créoles

Aux pas lents, aux mœurs légères

Ni la consommation assidue de caramboles

À la saveur délicieusement douce-amère

Ni le souffle marin agissant comme un aérosol

Ni la vision de la beauté fragile des roses trémières

Ne peuvent soulager l’ex-conseiller militaire à Limassol

De ses chagrins et de ses nombreux ulcères

On raconte partout l’histoire du pauvre carabinieri

Tombé follement amoureux d’une jeune Tamoule

Lorsqu’il instruisait les cipayes de Pondichéry

Et qui fut retrouvée noyée, rejetée par la houle

Pour finir sa carrière, il occupe le poste aux Comores

Mais le souvenir de cet amour de jeunesse le hante encore

Et une immense mélancolie l’étreint violemment

Dès qu’on évoque devant lui les Indes ou Ceylan

Ce poème est extrait de la série « Cartes postales, d’après Henry Levet ». Michel Betting a découvert la poésie et l'écriture sur la tard, vers la cinquantaine, par le biais du haïku. Il s'essaye également au tanka, au pantoun et à la poésie de forme libre, quand l'inspiration veut bien le visiter, toujours avec des mots et des formes simples. Présent dans les n° 20, 21, 22, 25, 27, 28, 29, 32, 33 et 34 de Lichen.

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