Un texte d'Éric Jaumier
Le fousil
toute mon enfance j'ai embrassé des visages anguleux mal rasés des gueules de taulards russes à tel point que je me demandais si un croisement était possible avec du papier de verre
heureusement avant d'arriver à ces gueules arides piquantes il y avait la route le road trip ces paysages fabuleux toundra taïga un terrain de tir et moi collé à la vitre de l'ami huit
mais on finissait toujours par arriver dans la cour en pente où étaient désossées motos et mobylettes
dans la maison on descendait encore
le vieux un béret sur la tête des bottes noires dix fois trop grandes dans un épais brouillard de tabac gris
les oncles pas levés toujours sous le coup de la saoulerie de la veille d'une baston
Artisan électricien, Éric Jaumier était autant passionné de littérature, de poésie que d'espace et de temps, de voyages... Il nous a quittés définitivement en juin 2020, alors que son recueil Blanc corbeau venait de paraître aux éditions Jacques Brémond. Il est présent dans les n° 29, 30, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47 de Lichen, nous lui avons rendu hommage dans le n° 51 et continuons à publier (à titre posthume) des poèmes qu'il nous avait fait parvenir.
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