Matthieu Lorin

 

Le temps disponible, je le broie comme une biscotte

De façon à le réduire en miettes

À pouvoir le balayer sous les meubles

Mais

Dans mes nuits d’insomnie

Mes longues nuits d’insomnie

Celles où votre peau correspond aux écailles du temps

Où le combat que vous menez n’est qu’en vous

Dans ces nuits-là,

Lorsque je descends les escaliers pour boire un verre d’eau

Me dégourdir les jambes

Calmer mes muscles qui s’agitent comme une araignée avant que le produit xylophage ne fasse effet

 et la laisse comme une boule de mort au bout de son fil devenu linceul

Dans ces nuits-là

— Souvent mais rien n’est jamais acquis —

Quelques miettes de ces biscottes du Temps

Crissent sous mes pieds

 

°

 

Elle est aussi voluptueuse

Que la fumée d’une cigarette oubliée sur le coin d’une table

Mais tu ne voyais que le cendrier

Ou la table

Ou le pavé en damier

— Le roi est mort —

Tu ne regardais pas vers le Ciel

Et si jamais, par bonheur,

Qui ici n’équivaut à rien d’autre qu’à la chance,

Ne tirons pas des plans sur la comète,

Si jamais, dis-je, tu levais la tête

Ce n’était que pour observer le plafond qui se lézardait.

Le parapluie de tes yeux n’y changera rien maintenant

Elle ne bougera pas plus

Qu’un crucifix pourtant exposé aux vents du Finistère.

 

 



Professeur de Lettres à Chartres, Matthieu Lorin aspire à courir le 10 kilomètres en moins de 42 minutes sans envisager pour autant d'arrêter la raclette et le bon vin. Insomniaque, ses cernes pèseront bientôt plus lourd que lui. Lecteur assidu, il dit avoir l'impression de vivre actuellement avec William Faulkner au-dessus de son épaule, ce qui lui semble « assez effrayant ». C'est sa première apparition dans Lichen.

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