Matthias Grossmann



Notre beauté

Te souviens-tu ? C’était les neiges de notre amour. Un grand et blanc soleil d’hiver et ta main dans ma main, et des heures à lever le pouce pour qu’une âme charitable daigne enfin s’arrêter et nous conduire je ne sais où…(On ne va jamais pour aller quelque part. On va pour aller, pour l’ivresse infinie d’aller à l’infinie). Nous étions jeunes, nous le serons toujours, car la jeunesse est une soif, une blessure, que nulle espérance ne dompte, qu’aucune lumière ne guérit.
      Nous nous sommes réfugiés dans un garage. J’ai dû fumer une dizaine de cigarettes en regardant le ciel cracher ses flocons fous par la fenêtre sale. Une vraie tempête. Et nous sommes sortis. Nous avons dansé dans la tempête de neige. Tu chantais. Tu étais heureuse et amoureuse. Et moi j’avais les larmes aux yeux. Je me disais : « Au diable les horizons. Au diable le monde. Au diable tous ces gens qui nous prennent pour des fous ». À raison, car nous étions bel et bien fous. Fou de vouloir vivre et nous aimer, infiniment.
      Ah la neige, qu’elle était belle ! Et nous aussi, il me semble que nous étions beaux.
 
 
 

Matthias Grossmann a arrêté les études (institutionnelles) après le Bac, pour partir sur les routes, presque toujours en stop. Il a voyagé en Afrique, en Europe, jusqu'en Palestine. Il a milité sur les ZAD de France, pour vivre de luttes et d'amitié. A Bure aussi. Dans les Hautes-Alpes, où il a accompagné en montagnes les gens d'ailleurs. Il a repris les études et obtenu un diplôme de Fle. Actuellement, il travaille en tant qu'enseignant de français au sein d'une association qui aident les personnes déplacées ( Apd asbl). Il a écrit et publié à compte d'auteur une pièce de théâtre La Revanche du Temps et un roman de voyage Laïla Saïda je ne rentrerai pas chez moi. C’est sa première apparition dans Lichen.




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