Martin Zeugma

 

 

 

Diagonale

il y a cette possibilité (en diagonale du lit) de rouvrir les yeux après mourir
sept ou huit heures cette façon de trouver une nouvelle (une énième)
respiration de s’étirer de se gratter d’avoir faim d’avoir un corps un crâne
d’avoir mal au crâne recommencer se souvenir penser aimer (souffrir) il y
a cette ambiguïté (en diagonale du lit) ce mot d’amour à répéter ce geste
dont on n’a jamais assez ce sourire qu’on ne peut oublier sans qu’on ait à
renier à fermer les yeux à tourner les pages à taire que je t’aime est la
mort de je t’ai séduite qu’ils sont (en) moi tous ces quelqu’un que j’ai cru
être ou essayé d’être que j’ai entassés ou qu’on a empilés ils sont comme
(au)tant de parenthèses (parents thèses) ont-ils tous été moi ai-je été tous
ceux-là (tout cela) il y a cette réalité (en diagonale de la vie) ce sourire au
cœur des gibets des méprises cardiaques aux chœurs méprisables (je
t’aime est l’antanaclase de ce sourire) pour un peu j’en oublierais la laideur
du monde pour un peu j’en serais heureux





 

Martin Zeugma est né au milieu des années 70, il a publié poèmes et nouvelles dans plus de 70 revues (France, Belgique, Suisse, Canada, Sénégal, Haïti), il a participé à plusieurs anthologies aux éditions La Clef d'argent, Alopex et Luna Rossa, et il a accordé son premier entretien à la revue Mozaïk en 2024 (www.mozaik-oi.com/magazine)." Il est présent dans les n° 70, 71, 80, 88, 89, 101 et 102 de Lichen.






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