Marine Giangregorio

 

Nymphose

 

Nymphose — les sens prennent conscience malgré nous puis la machine se met en marche on pense, on se rappelle, on se blottit contre, on veut s'en défaire — c'est vrai que nous sommes plantes épanouies à boire lumière, nostalgiques à boire l'eau du souvenir. Nymphose — la lente ondulation créative — le balancement : ce qui pourrait être, ce qui ne sera pas — contorsionne-toi vas-y t'as beau créer, ton dos, ton dos seuls les autres et le miroir que tu ajustes, le voient — ta voix ce n'est pas à toi qu'elle parle, ni vers toi qu'elle revient — tu couches dans ton lit mille visages inconnus, mille odeurs, mille colères — Toi aussi, tu es ailleurs — alors tu pars te chercher — en créant c'est toujours d'abord à soi que l'on tend la main. L'artiste n'a rien d'un philanthrope — Une revanche, c'est tout — On arrache la peau brûlée par le soleil, on pèle le mot jusqu'à l'égarement — jusqu'au noyau jusqu'à l'os sur lequel on cogne dur — ta peau te revient « renouvelée » comme un reproche.

Mue imaginale : trop tardive, déjà mort en devenir.

L'impossible imago. 

Partir, en cherchant un dernier œil qui retiendrait ton désir.

 

 

 




Marine Giangregorio pratique la photographie argentique et réalise des films documentaires. Sa première exposition Énigme du désir, réunissant photographies et poèmes s'est tenue en mai 2019 à la Galerie L'Œil du Huit (Paris 9e), Poétique des Brumes, la seconde, s'est déroulée à l'EHESSS (Paris 6e). Ses poèmes sont publiés dans les revues MéningePergolaLes Cosaques des frontières, Poétisthme et Traction-brabant. Blog : Les mains flâneuses. Présente dans les n° 41, 50, 52, 53, 54, 55, 60, 61, 62, 63, 70, 71 et 78 de Lichen.

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