Marine Giangregorio

 

Méditation 3

Landa

 

Penser à l’infini de l’univers et trouver un repos à la mort, ma chair dissoute dans l’infime et l’immense. Je suis l’enfant des landes aux confins du monde, constellée de silence et de cri, de désert et d’espérance. Je suis le vaste enclos, terre de marches lentes et de courses effrénées, une pierre à rouler indéfiniment. Je suis de feu, de vent, d’eau, de terre et de mystère. Le cinquième élément qui fait rupture, qui fait lien. La raison qui abdique et qui s’affole. Le ciel joue d’une main de la harpe et brosse de l’autre ses longs cheveux de pluie et de lumière, la vie dans le lac se mire et se trouve belle. Le ciel peut tout. Le ciel est sans limite, souvent je déserte le front, j’entreprends l’ascension d’un nuage puis à son mont je déclame un poème. Un corps coule dans l’infime et l’immense, cette fleur se nomme cosmos : force obscure aussi obscure que l’inconscient qui nous défie au réveil de franchir son abîme. L’éternelle incompréhension, l’inaccessible étoile. Le corps et l’esprit, insondables et fuyants. La pensée du cosmos est salvatrice, d’ailleurs l’Homme vieillissant lui tend ses deux paumes pour y boire la sérénité, mettre un pied dans l’autre dimension. Mes rêves nocturnes s’éloignent dans le cosmos, cosmos dont je croque les pétales, je croque son rose, son pourpre, son rouge, son blanc, sa petite ours et sa grande ours, je croque Sirius et Orion, vous savez maintenant pourquoi j’ai les yeux qui brillent, j’ai trouvé la fleur qui ne pousse pas ici, moi l’enfant d’une lande qui court sur son corps d’ambre et d’émeraude, frontispice du sourire et de l’oubli. Je suis le vaste enclos, terre de marches lentes et de courses effrénées. Je suis de feu, de vent, d’eau, de terre et de mystère.

 

 

Marine Giangregorio pratique la photographie argentique et réalise des films documentaires. Sa première exposition Énigme du désir, réunissant photographies et poèmes s'est tenue en mai 2019 à la Galerie L'Œil du Huit (Paris 9e), Poétique des Brumes, la seconde, s'est déroulée à l'EHESSS (Paris 6e). Ses poèmes sont publiés dans les revues MéningePergolaLes Cosaques des frontières, Poétisthme et Traction-brabant. Blog : Les mains flâneuses. Présente dans les n° 41, 50, 52, 53, 54, 5560, 61, 62, 63 et 70 de Lichen.

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