Marianne Duriez

 

Quand survient Orphée

 

Au méandre de la forêt

Un instrument sculpté en bois de palissandre

Exhale fugacement un son exquis comme la douleur

Urgent comme l’envie

 

J’attrape au vol son écho

Écholalie et soliloque

Pour ne pas qu’il s’éclipse

 

Dans ce monde pré-apocalyptique

Ne restera bientôt plus que la poésie

Qu’il s’agisse d’haïkus composés par un quidam

Ou d’hapax enfilés comme des perles sur les cordes à l’âme hexagonale

D’une lyre désaxée 

Au dantesque sustain 

 

°

 

Goudron

 

Sur l’arrogant macadam,

Les anecdotes roulent mais n’amassent pas mousse.

Une confiture noire et grumeleuse s’épanche sur la route

Des graviers pleuvent et s’y agrègent tristement.

 

L’asphalte poisse et amalgame mes sentiments.

 

Fermé de sapins gris, l’horizon suffoque

L’eau est sèche et les draps froids

L’atmosphère a pris une étrange saveur umami. 

 

 





Marianne Duriez a une âme de nomade et la littérature au cœur. Elle vit actuellement au Congo et appartient au cercle littéraire des Têtes brûlées. Présente dans le n° 81 de Lichen

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