Marianne Duriez

 

Le lac Turkana

 

J’ai survolé le lac Turkana

Qui s’étend de l’Ethiopie au Kenya.

Son chant des sirènes m’a saisie derrière le hublot.

J’ai contemplé de haut les eaux bleues et les berges blanchies.

Je leur ai promis qu’un jour je viendrai les caresser.

 

Je serai seule.

Je traverserai l’Ethiopie ou le Kenya en bus.

Ce sera long, fatiguant et incertain.

Il fera sec et soif.

Je serai seule avec mon passé sur le dos,

Dans un petit sac en toile.

Sans amis, sans famille, sans mari.

 

Il n’y aura plus personne.

 

Quand j’arriverai, je marcherai sur les ossements de la Terre

Mes pieds seront avalés par la blanche poussière

Du rivage.

L’onde immémoriale sera fraîche et ardente. 

J’y plongerai mon visage et elle étanchera ma soif.

J’y plongerai mon âme et elle la nettoiera.  

Je laisserai mon passé sur la rive et je m’avancerai dans l’eau.

 

Je serai seule et il faudra que je décide, 

De revenir sur mes pas 

Ou de rester finir mes jours au bord du lac Turkana.

 





 

Marianne Duriez a une âme de nomade et la littérature au cœur. Elle vit actuellement au Congo et appartient au cercle littéraire des Têtes brûlées. C'est sa première apparition dans Lichen

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