L’Atelier du don de mots


Les textes obtenus avec les mots donnés

Au cours du dernier mois, 29 mots (ou expressions) ont été récoltés, donnés par 14 lectrices et lecteurs, et 7 volontaires m'ont rejoint pour l'exercice. Je les en remercie chaleureusement !



Lutte des classes

Si l'on m'avait dit que je gagnerais ma vie à vanter les qualités d'un laxatif !

Quel chagrin !

Il faut vendre, mes petits, il faut vendre nous a encore répété le dirlo en nous remettant le traditionnel cadeau de fin d'année : un savon aux saxifrages pour les hommes et une crème pour la peau au yaourt pour les femmes. À étrenner rapidement a-t-il dit ! Personne n'a apprécié , on est resté silencieux, mais chacun a trinqué en remerciant.

Nous savions tous qu'il partait le lendemain pour l'archipel des polymathes, ce fumier. On l'imaginait bien à se tirer des vahinés à la chute de reins bouleversante, sous la hutte à l'abri de la canicule derrière un lambrequin de feutre ou plus sûrement de corail séché. Ou bien allait-il se faire dorer la pilule sur une balançoire pendant qu'une gamine sans soutien-gorge, les seins cerclés de sil ocre rouge, se chantournerait la margelle pour lui dresser la tige jusqu'à la parhélie.

Pour nous, pas d'ajournement ! Au boulot ! ordonna t-il en épiant nos réactions.

Plus d'un espérait un crash du vol 70625 pour les polymathes !

(Éric Cuissard)



Le contre-ajournement

Silencieux polymathe étrennant des chagrins,

Va, vends la peau du temps par quelque laxative

Canicule où la chute, à épier son fumier,

Sur la margelle trinque en mode balançoire.

Tire loin les yaourts, les feutres et savons,

Et si tu sais vanter ta hutte, sil et tiges,

Soutiens de lambrequins au su des parhélies,

D’un archipel n’espère plus les saxifrages.

(Clément G.S.)



Une peau

 En margelle sur la balançoire

C’était une peau

Parée d’un lambrequin ajouré

Sur sa mousse saxifrage

Elle vendait du chagrin en broutant la tige



Sous un feutre, se vantant de tirer silencieux,

Un huttier polymathe la faisait trinquer

Lui passant un savon pour s’être laissé aller

au yaourt laxatif



Privée de soutien, pour sûr elle étrennerait 

Epiant Canicule dans l’archipel solaire

Lui prend d'espérer du parhélie 

L’ajournement indéfini de sa chute 

Sur le fumier virant au sil

(BMB)



Mais pourquoi avoir posé le yaourt sur la margelle ?

Étrenner un chagrin

Lambrequin en soutien sur la hutte

Épiés, l’archipel et la saxifrage

Fumier idem, tel une peau sous la balançoire

Et le polymathe silencieux trinque

Ne se vante pas

Parce que son yaourt sur la margelle est un laxatif

Il tire sur son feutre, espère la chute

Le savon fait son ajournement sur le parhélie

Il ne vend pas le sil

C’est la canicule sur les tiges

(Sylvie Neveu)



Seul sur la balançoire

Avec la canicule et sous cette parhélie si particulière qu'il observait parfois, il trinquait, ça il pouvait s'en vanter. Ça lui causait du chagrin et le rendait silencieux. Il espérait souvent l'ajournement de cet état inconfortable, et chaque jour il épiait les signes avant-coureurs de sa chute. Vivre sans le moindre soutien extérieur, sous une hutte sans le plus modeste lambrequin, les pieds dans le fumier, il n'y avait là rien de bien fameux. La terre de l'archipel n'était qu'une sorte de sil : seul avantage, son savon en vantait la qualité bienfaitrice sur sa peau. Mais il aurait pu tout aussi bien utiliser comme baume du yaourt ou des tiges de saxifrages que l'on vendait sur l'île. En attendant, il vivotait dans ses vêtements feutrés et usés, assis sur la margelle de son puits, seule richesse que le sort lui offrait : il symbolisait la source à son insatiable soif de connaissances ! Il tirait les fils de son histoire, faisait des bilans et se disait que non, décidément, il ne serait jamais le polymathe averti qui aurait su étrenner tous les cadeaux que la vie lui aurait faits...

(Annabelle Gral)



Ce n’est pas en trinquant au yaourt laxatif

tel un savon pour le chagrin, que je me tirerai de ce fumier. Le soutien silencieux d’une peau amie sur la balançoire en feutre me fait espérer la chute de la canicule. Epier le parhélie à travers le lambrequin de la hutte, étrenner sur la margelle de sil près de la hutte une nouvelle tige de saxifrage, c’est, sans me vanter, comme voguer vers un archipel où m’attend sans ajournement un amoureux polymathe que je me garderai bien de vendre !

(Anaïk Simon)



Une belle maison 

que celle de ma grand-mère 

une maison de poupées 

un archipel en Bretagne 

où se réfugier en temps de canicule

jamais de grande chaleur 

dans cette terre deuxième peau

Assise sur la margelle

j'écoute le chant des crapauds 

ils appellent les  fantômes 

du  jardin  silencieux

ils trinquent avec les joncs 

qui se balancent au bout de leur tige

Au loin la balançoire

bouge légèrement poussée par le vent 

des bulles de savon

s'envolent au-dessus du fumier

trésor de mon grand-père 

au fond du jardin 

à côté sa hutte à caravane 

fabriquée de ses mains et son ingéniosité 

Dans ces bulles de savon

je vois mon frère saxifrage

plein de chagrin

une pochette de feutres

toujours dans sa poche 

un cahier de dessins 

il tirait le portrait de tout ce qu'il voyait 

derrière ses lunettes 

ses yeux voyaient l'univers 

kaléidoscope polymathe

Dans ces bulles de savon

je vois ma mère épier sa fille 

elle mange un yaourt

elle s'en met partout sur le menton

il se mélange avec le reste de vermicelles

sur le bavoir 

comme le sil

il coule laxatif et charrie

des algues comestibles 

Dans ces bulles de savon

je vois les lambrequins du toit 

échos du couvre- lit et des dentelles 

confectionnées par les dames bretonnes 

elles étrennent le galon

à la vitesse d'une toupie 

Maintenant bulles éclatées 

je vois le panneau à  vendre

dans le parhélie inondant la toiture 

j'attends le  soutien des souvenirs 

comme ajournement de la disparition 

d'une enfance pleines d'images 

Dans ces bulles de savon

j'ai vu  la bruine et les mouettes

tombées sur nos désirs d'immortalité

elles se vantent trop souvent 

de ne pas partir dans l'oubli

elles espèrent une mémoire

(Aline Recoura)



Épier les parhélies de l'archipel

On ne vantera jamais assez le chagrin des tiges de saxifrage dans le yaourt

et la chute silencieuse de la balançoire dans le fumier se vendra mal.

Nous étrennerons l'ajournement de la canicule une autre fois,

quand sera espéré un lambrequin de feutre

ou quand nous trinquerons au soutien du savon laxatif à la margelle.

Alors nous tirerons du sil la peau de la hutte.

(G.de P.)


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