Le maëlstrom
Entonnoir au long courant d’arrachement – flot sans retour qui rêve sur la mer d’un bateau – tourbillon à la fleur du sable – mouvements indéfinissables d’une bouche d’ombre et d’oubli – grande fente de plis où glissent les docks – ricochets de hoquets à la surface des bocks – les marins avalent le temps comme les aiguilles sur l’horloge fuyarde des èbes – et dans la bousculade perpétuelle je suis le poisson sans écaille au cœur du typhon – je me perds me perpétue en dérisoire radée dans les lames de rasoirs émoussées sur le rivage naufragé…
Fleur de poignard
J’ai mes prisons et traîne mes propres fers. Les mers que j’avale pour m’en libérer remuent en procession émancipatrice dans mes entrailles. J’ai la gorge traversée par un cortège de bourrasques mugissantes. Ma voix déborde et je déclame comme mer soulevée par les lames de fond. Je ne dis plus ce que je vois – Je vois ce que je dis-vulge. Du fonds des abîmes émergent des paroles mouvantes des métaphores vivantes. Au centre des vagues de braises fécondes – je suis l’Or et le Désert et propulse mes vers en cataractes de météores dans le corps du cratère de mer dont l’irruption de sable syllabaire se déverse en langues de scories… Sorties de bouches barbouillées de brumaille, des paroles d’écume martelées sur l’enclume font des nébuleuses de feu. Un coup de couteau dans l’eau – empalée – éclatée – émondée. L’écorce du cri s’est fêlée. Retour au chuchotement de poussière noyé dans la tourmente tournante des tourbillons vermillon déterrés de ma gorge ouverte en fleur
de poignard…
Rêveur mélancolique autoproclamé « Assembleur de Nuées à la petite semaine » (à la petite semaine, parce que la poésie, comme le crime, ne paie pas), Loan Diaz est convaincu que la poésie est la voi-e-x de la concordance des cœurs et écrit comme on « jette des bouteilles à la mer » pour créer les liens qui libèrent et rassembler les hémisphères. Il a créé et anime la revue et les éditions Poétisthme(https://poetisthme.cargo.site/). Présent dans le n° 59 de Lichen.
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