Les « Comment ‘airs » de Xavier Monloubou
sur le n° 49 (juin 2020)
– aux courages d’Ivry Gitlis –
I. toujours dans les airs
1
Il s’appuie avec toi, le bel oiseau de Prévert,
il fait l’artiste retenant un archet – et de ce stylo-bille qu’il réécrit des airs
– qu’il trait de la frugalité, à nos ailes qu’il brille ; lui traceur, de nous relier à la liberté
d’oiseau délacé, mais tout en cage à crier sur les cordes de fer, quand il reconnaît le même ciel
Il est le passager du vent qu’il évade dans ses battements d’ailes, qu’il s’écrie des fleurs
en avalant le pollen brûlant, qu’il digère l’instant
de s’étirer, de s’étaler
en autant de plis fragiles,
sans bouger,
mais dans l’air
lumineuse – à la base de l’éclair qu’il éveille toute la nuit,
qu’il travaille la roche ébruitée : de la pluie de ciel !
Ce bel oiseau retourne l’air d’un souffle, qu’il rafraîchit mes ailes
en respirant, ensemble, une seule seconde, les tétons de l’air
à bousculer la colère, quand il retient
le vent : c’est qu’il étend sa voile, qu’il grandit de nuage en nuage et,
jusque dans le passage de ma petite main d’homme
où l’écriture recrée du temps disparu si : écrire c’est être – déjà – l’ailleurs
comme de la lumière finissante
où sont finis les soleils infinis – mais vibrants – du seul métier : celui d’aimer !
Alors touches, emporte un peu la lumière plumerépartie entre nous ;
cette lumière crépusculaire bientôt – ou déjà – éternelle
de ce rêve sorti un instant – du jour
appliqué à percer l’ailleurs
juste de l’autre coté de nous : va, mon pair, mon âmi, jette de la lumière contre la nuit !
2
Va, abandonne ce tas de phrases sur les rives célestes :
là, lorsque l’eau se jette elle-même sur la lumière qui fait des tas – des virgules
renaissant d’un mot, pour se tendre encore – à aimer – une sorte de foule
dans l’air qui s’étire et s’engage dans un fil de lumière
quand je serai venu t’offrir toutes ces écorces de moi – de ce grain – devenu la même miette du pain – d’un volcan – qui a germé en terre de feu, dans la racine de chaque rose
que je serai devenu – d’être mal accueilli mais de m’être relevé, à la suite de ta marche lente,
quand l’air ténu te revient comme l’oiseau le décrit sur tes airs
à ton bras divin, au soir des méditants– quand le vent déporte – ton parfum épuisé vers les étoiles. Va, je suis étrillé – pour fleurir et pour rester élégant, pour entretenir la lumière qui reste de toi, d’arbre en arbre. Va, tant que je suis l’écriéed’encre. Va, tandis que je t’entends enfin aimer et tant que je reste trempé du fétu d’eau : je prends le large en m’enflant de lumière – sur les vagues désamarrées !
3
Va où l’âme fut conçue, parfois dans l’indécence décousue – au sourire manquant d’un père !
Va, tandis que j’apprends à mon tour l’accomplirde l’affection imparfaite : décroché des bras sans plumes, ces ailes qui m’auront manqué au point que je fus parfois appelé le vilain ! – certes ! – mais que j’aurai vécu, aspiré par l’ardeur, respiré toujours par l’ailleurs, pour connaître le sourire d’un père qui devient un frère en mourant !
Va, comme nos pairs déportés, comme la musique à nos cors, vers des lieux plus élevés,
remonter dans le sang du grand large, traverser les chemins d’eau qui s’ouvrent d’abord
comme des larmes – mais dans les cieux – où j’irai… tenir, l’œuvre à la main – le semis de reine qui retient mon souffle sur l’amer de chaque chose, comme encore ces phrases d’eau qui décrivent l’océan contre chaque vague
quand la moindre brisure blanche des rizhièress’illumine de soleil,
comme l’heure aura traversé son papier de son filament de lumineuse bleue et verte
lorsque le cœur sera devenu l’hôte des étoiles
à mesure que le crépuscule bascule contre de la nuit : pour te deviner d’ange charpentier ou meunier qui règne – déjà – en paix et, bienheureux de nous réunir, tous âmis !
II. d’autres déclinaisons au crépuscule
Dans la couleur des songes dans le prolongement de ta peau,
je déchausse l’herbe des nuages, le ciel, laissant apparaître
quelque chose de toi qui vient fleurir
– d’une seconde à l’autre – où tout bascule
comme le bourgeon, soudain pris dans le sang
et le vin doux après d’affreuses douleurs – pour naître dans le pays de la paix
où un vent si calme sifflant enfle le roseau imaginé des jardins où le pli d’or des cœurs
mémorise tant le sang du corps qu’il réfléchit d’un bruit de lune qu’il engraine la pluie
de petits cris grassouillets, des écrits de flaque par flaque, mesurant l’écart entre des pieds nus d’abord égarés sous le ciel
Et toi qui semblais abandonné à d’autres vieillards – mais ce sont des anges !
Alors, tant que l’on ne ressemble pas à de l’air cuivré mais à de l’amorce d’eau
pour amorcer de la lumière – même d’une seconde incertaine – alors, qu’il se saisisse de tes vêtures – de la plus belle soie, qu’il entretienne le linge bleu
de l’océan qu’il arrive d’être devant le couchant, comme l’émoi devant un seigneur :
la vigne, le nuage, tout ce qu’il respire – et qu’importe l’heure, lorsqu’il vient vous sentir !
Qu’il marche à vos côtés de son pas saoul qui picore le sol – l’air de rien mais brave
étirant son bras d’électricités sous la pluie qu’il me remplit de sa doublure mouillée
lorsque je vais le soir, avec l’étoile
m’aligner
dans le sentier étroit des sentes, éperdus dans les angles du soir où des gens nous saluaient encore avec des pavés mais… oubliant qu’ils jetaient de simples fétus de montagne comme des fleurs, confondant les cors du ciel vers les nuages !
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