Laurence Fritsch

 

Un asile pour une nuit sans lune (suite)

 

(poème 4, sans titre)

 

le vent courait plus vite que moi

les mots étaient noirs

ma mère est morte

je la retiens mal

            comme les larmes que je ne peux verser

derrière la muraille de l’alphabet

poussent des herbes folles

fouettées

par le vent courait plus vite que moi

le silence si blanc

ma mère est morte

les mots ne sauvent pas, ils retardent un peu

le mur ne surprend pas

 

(Poème 6, sans titre)

 

son visage interrogeant les murs

je lui parlais entre les fissures

une ride par phrase

nos mots comme des ponts écroulés

je continuerai de lui écrire avec

les bouts de mes os

entre mère et fille, la distance est

notre proximité

vent et silence parlent la même langue

dans les anfractuosités

 

 






Laurence Fritsch, poète, haïkiste, propose une poésie parcellaire, parcimonieuse, une mosaïque ou un polaroïd traduisant un état d’âme, la fulgurance de la pensée, et quand elle est cri, l’impossibilité des mots. Elle a publié dans des ouvrages collectifs et dans diverses revues, et son premier recueil paraîtra aux éditions Bleu d’encre en 2024. 

Son blog : https://laurencefritsch.wordpress.com/. 

voir aussi : https://christophecondello.wordpress.com/2022/07/16/laurence-fritsch/  ; 

https://souffleinedit.com/poesie/je-demande-double-vie-laurence-fritsch/ . Présente dans les n° 81 et 83 de Lichen.

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