Laurence Fritsch

 

Un asile pour une nuit sans lune

 

(Poème 1, sans titre)

 

la couleur du deuil

gris noir brouillard ?

non translucide le linceul

comme un chat trouillard

griffes et boule hérissée

les mots dans la gorge     coincés

 

(Poème 5, sans titre)

 

sa voix devenu clapotis

reconstituer la mère

ses bras dans les vagues

des bleus des verts des outremers

      à l’âme

un océan de souvenirs

de l’anthracite au bout des doigts

trace

sa voix devenue granit galets graviers

fatiguée de tordre un temps humide

j’écris

reconstituer la mère

sa voix de venue présage

ses pieds enfoncés dans le sable

des gris des briques des quartz

une mer de nuages

des remous dans le ventre

sa voix devenue songe murmure rumeur

j’écris

reconstituer la mère

poreuse à tous les fantômes

 

 





Laurence Fritsch, poète, haïkiste, propose une poésie parcellaire, parcimonieuse, une mosaïque ou un polaroïd traduisant un état d’âme, la fulgurance de la pensée, et quand elle est cri, l’impossibilité des mots. Elle a publié dans des ouvrages collectifs et dans diverses revues, et son premier recueil paraîtra aux éditions Bleu d’encre en 2024. Son blog : https://laurencefritsch.wordpress.com/ ; voir aussi : https://christophecondello.wordpress.com/2022/07/16/laurence-fritsch/  ; https://souffleinedit.com/poesie/je-demande-double-vie-laurence-fritsch/ . C'est sa première apparition dans Lichen.

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