Deux poèmes extraits du recueil La Chambre forestière
J'appartiens. À la nuit.
L'abîme y est. Plus profond.
Elle m'emmène vers. Le noir comme.
Un voyageur égaré. Un mendiant sans. Limites.
Je la. Serre dans mes bras.
Je l’étouffe d’affection. Comme si c'était.
Elle qui m'appartenait.
Et. Je danse sur. Ses crêtes évanouies.
Pour qu'un ailleurs en naisse.
Libre. Et dévasté.
°
Le wagon s'ouvre / la chair de la locomotive / apparaît / brisée / écumante comme un ciel frais / la rouille monte / dans le lit du mort / rouages de ferraille / ligaments de métal tordus / le train saigne des rêves / l'heure du sommeil / ne vient qu'aux premiers crissements / déchirure des voix / la nuit gante les rails / neige froissée dans les freins / la bave charbonneuse / souille un peu plus nos pas.
Corps qui frissonnent / emmêlés dans leur violence / le sang coule d'une / plaie invisible / rouge d'éternité / sur le fil inquiétant de l'innocence / les parois du train / vibrent sous le grésillement / du soleil.
Pas d'espace entre les murmures / chaînes silencieuses / qui piétinent la terre / tendrement / sans écraser ni chasser la poussière / vieillesse du jour précédent / qui craque sous la mâchoire.
Bouillie d'espoir / la même soupe / sous toutes les langues / la même salive engluant les cris / la vie est une idée / à la surface / de l'ombre.
Poète breton né à Dinard en 1981, Khamylle-Abel Delalande a fait ses études universitaires de Lettres à Rennes de 2000 à 2004. Mais sa vocation littéraire commence bien avant, en 1997, lorsqu'il écrit ses premiers textes. Petit à petit, il se découvre une passion pour la poésie et la philosophie. Après quelques années d'enseignement à Paris et en Bretagne, il se consacre aujourd'hui exclusivement à l'écriture. Il a déjà publié six recueils depuis 2013. Certains de ses poèmes ont paru dans les revues Le Capital des mots, La Page blanche, La Cause littéraire. Son blog de poésie : khamylle-abel-delalande.over-blog.com. Présent dans les n° 34, 35, 36, 40, 41, 42, 43, 58, 59 et 60 de Lichen.
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