Il
faisait aube. J'allais marcher longtemps. Ce temps de vie où tout
s'efface en s'éloignant du trop demain, de ses questions et des
angoisses. Où chaque chose vient à sa place, comme en osmose, en
terre à pieds, en arbre à bras, senteur des herbes et des fleurs.
Longtemps,
longtemps, comme on espace chaque pas, venir en paix, venir en soi.
Cligner de l'œil au hérisson et frissonner du cri d'oiseau,
surpris, matin, dans la futaie.
Un
vent en biais, frais, promesse de beau jour.
L'espace temps qui fait miroir. Tout près du vrai, si près du beau.
Ne manquerait, peut-être, qu'à parler à quelqu'un et montrer de la
main. Partager sa semblance en toute différence. Savoir la
ressemblance. Ce besoin, tout le jour, pour revenir au soir.
Quand
au loin, dans la mer, le soleil ne ferait que céder à la nuit.
*
Je
reste dans mon rêve, il y fait tant léger.
Les
voiles des histoires qui flottent dans la brume, quelques mots qu'on
raccroche au lever du conscient, comme on refait des phrases sans
trop savoir pourquoi, que l'on a entendues ou qu'on voudrait
entendre. Un film au ralenti où il manque des scènes. Se réveiller
sourire en nuages de songes. Une femme très belle au bout de
l'inconscient, l'oreiller pour mémoire.
Comme
un souffle gardé pour traverser le jour.
Jean
Diharsce,
65 ans — qui a fait le choix de vivre en Bretagne où la mer, les
rocs et les mots sont rudes et doux — écrit tous les jours et
publie sur FB. Il a regroupé certains de ses poèmes dans un recueil
Île en
ailes
paru aux éditions Jacques Flament
(http://www.jacquesflamenteditions.com/355-ile-en-ailes/?fbclid=IwAR0om637-aaWxKQzxXx5yeItAdgvdEOdRGdMO2WKb2q_L5BFkDJf1KZjb-4).
C'est sa première apparition dans Lichen.
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