Iren Mihaylova

 

 

Camouflages


La douleur est cette grandeur de l’âme qui

trahit ses ails aisés se refermant sur le poignard

lorsqu’on veut s’en départir, elle s’immisce dans la distance,

austère et discrète, n’ose jamais troubler les fantômes.


Ce matin de juillet, j’ai fait une promenade si longue que

lorsque je retombe sur ma rue enfin et encore somnambule,

les branches des saules recouvrent de leurs feuilles bariolées


la table à manger les chaises la rue Boissière

pareilles à des camouflages ;

où se touchent les ombres des couronnes en bois


comme des rivaux après un ébat d’amour passionnel et sauvage

leurs bras se lâchent en apparence seulement pour

recouvrir aussitôt les silhouettes dénudées

d’un air fin de nonchalance.


J’ai parcouru les ombres pour m’y abriter

mes bras n’endurent plus la force du vent

mes soucis aussi ont l’air ébranlé

la quiétude m’empresse dans son Éden en mouvement ;


Me bâtir lentement un monument colossal

où reposer mes regrets comme rempart

Si elle repart réveillant ma solitude,

mon énigme se résout à l’espoir que


mes statues de feuilletage me trouveront à nouveau

en automne comme un soleil battant à contre-jour :


« Cette vérité abritant le charme des ombres nues »





Née à Sofia (Bulgarie) en 1996, Iren Mihaylova est une poète, psychologue clinicienne et écrivaine qui écrit en français, bulgare, anglais et espagnol. Elle publie textes et poèmes dans des revues littéraires bulgares, allemandes et françaises. Elle espère publier en 2020/2021 ses deux premiers livres : un recueil de poèmes (Parmi les arbres bleus bleus) et un roman épistolaire (Lettres au psychanalyste). Dans ses écrits poétiques et romanesques, elle intègre ses connaissances en psychanalyse et en musique avec la sonorité du vers classique et la sincérité de la poésie en prose. Son blogue poétique : Vivre en poète. Présente dans les n° 58, 59, 60, 82, 83, 84 et 85 de Lichen.



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