Camouflages
La douleur est cette grandeur de l’âme qui
trahit ses ails aisés se refermant sur le poignard
lorsqu’on veut s’en départir, elle s’immisce dans la distance,
austère et discrète, n’ose jamais troubler les fantômes.
Ce matin de juillet, j’ai fait une promenade si longue que
lorsque je retombe sur ma rue enfin et encore somnambule,
les branches des saules recouvrent de leurs feuilles bariolées
la table à manger les chaises la rue Boissière
pareilles à des camouflages ;
où se touchent les ombres des couronnes en bois
comme des rivaux après un ébat d’amour passionnel et sauvage
leurs bras se lâchent en apparence seulement pour
recouvrir aussitôt les silhouettes dénudées
d’un air fin de nonchalance.
J’ai parcouru les ombres pour m’y abriter
mes bras n’endurent plus la force du vent
mes soucis aussi ont l’air ébranlé
la quiétude m’empresse dans son Éden en mouvement ;
Me bâtir lentement un monument colossal
où reposer mes regrets comme rempart
Si elle repart réveillant ma solitude,
mon énigme se résout à l’espoir que
mes statues de feuilletage me trouveront à nouveau
en automne comme un soleil battant à contre-jour :
« Cette vérité abritant le charme des ombres nues »
Née à Sofia (Bulgarie) en 1996, Iren Mihaylova est une poète, psychologue clinicienne et écrivaine qui écrit en français, bulgare, anglais et espagnol. Elle publie textes et poèmes dans des revues littéraires bulgares, allemandes et françaises. Elle espère publier en 2020/2021 ses deux premiers livres : un recueil de poèmes (Parmi les arbres bleus bleus) et un roman épistolaire (Lettres au psychanalyste). Dans ses écrits poétiques et romanesques, elle intègre ses connaissances en psychanalyse et en musique avec la sonorité du vers classique et la sincérité de la poésie en prose. Son blogue poétique : Vivre en poète. Présente dans les n° 58, 59, 60, 82, 83, 84 et 85 de Lichen.
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