Hélène Miguet

 

Quand on y patiente

une pharmacie devient cabinet de curiosités 

Entre le présentoir anti-vergetures crèmes restructurantes pour silhouettes déstructurées et le rayon détox au thé vert intox aux élixirs douteux

un vieil homme attend la main crispée sur une canne rustique

il s’enracine 

Fascinante cette main bouleversée de sillons

irriguée d’une sève outrenoire

et qui se fait écorce écailles crevasses

engloutie soudain par un tronc noué de rhumatismes

qui s’étire en grinçant des articulations

 

Le charme intemporel du chêne liège s’impose

emportant le plafond et le caducée vert criard

La patience est plus aisée à l’ombre d’un vieil arbre en gloire

 

*

 

Endormie

un peu de peau quelconque sur un drap made in china

 

Puis cette lumière ancienne qu’un souffle tamise 

et les miroirs fragmentés de ton corps

percutent 

mes paupières. Ouvertes soudain sur ta présence

Galop-fusée-fontaine-fille aux bras de feu et de fougères !

Je sens marcher dans tes cheveux un cortège de sylphes verts guidés par la folie fauve au flanc des biches  Tes épaules vont et viennent, bercées par la respiration des plantes Tu infuses la sève suave des bois et tes seins tout à coup palpitent comme des mésanges d’or

Je vois tes songes bleus de lichen qui cherchent le nord dans le murmure des arbres…

Entends-tu le froissement de tes cils sur la mousse ? 

 

Tu respires si bas que les feuilles seules peuvent comprendre

 

 




Hélène Miguet vit actuellement à Lyon, à la confluence du Rhône et de la Saône. Ces fleuves charrient des voix qui viennent frapper aux lèvres closes. Elle s’en inspire et invoque la poésie pour faire taire le silence. Enseignant le français et la littérature, elle essaie de faire vivre la poésie à l’école coûte que coûte ! Certains de ses poèmes sont publiés dans les revues Encres vives, Décharge et FPM. Présente dans les n° 16 et 63 de Lichen.

 

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