Guillaume Simon


Au parc

Erik Satie m’accompagne. 
Art nouveau, organique, végétal. 
Une sève urbaine irrigue mes organes, les sédiments donnent le La. 
Un parc en miniature a poussé rue de la Roquette. 
Les familles le traversent comme elles ont traversé leurs vies,
comme elles se sont pardonnées. 
Ceux qui croient tout savoir le transpercent de rires idiots. 
Le gardien a disparu sous le sable et des années de coupes budgétaires. 
Les enfants ne jouent plus sur les toboggans,
à quoi bon glisser sur des objets qui ne sont même pas connectés. 
Ils ne tombent plus sur les sols mous. 
Les points d’eau ne coulent plus. 
Pourtant, cette fois-ci,
la mélancolie perd la partie. 
Le printemps joue au prozac. 
Un loulou sur son vélo roule enfin sans les petites roues. 
L’orchestre s’accorde,
la baguette est levée, en suspension, 
les dièses, appoggiatures et triolets s’apprêtent à rhabiller les foules
et rallumer les cellules. 
Le blues devient majeur. 
Allons goûter au bonheur.







Né à Bayonne, Guillaume Simon grandit à Mimizan, dans les Landes. Au pied des dunes, il découvre et explore la musique, le jazz puis la culture pop, tout en suivant des études scientifiques. Il devient auteur-compositeur, d’abord au sein du groupe Shine, avec qui il publie trois disques et se produit notamment aux côtés de Sia, et aujourd’hui, en solo, sous le pseudonyme « Indolore ». Après de nombreux concerts en Europe et aux États-Unis, il vient de sortir un nouvel album enregistré seul, en Islande, à l’été 2017, dans les studios du groupe Sigur RósL’écriture est venue à lui comme un remède aux virages de la vie, voulus ou subis. Présent dans le n° 32 de Lichen.

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