Grégoire Leprince-Ringuet

 

 

 

Ah, quel soulagement d’être faible à l’extrême !
Ici l’humanité n’a plus la prétention
D’être autre chose pour soi-même qu’un problème
Avec beaucoup de très précaires solutions.
La première n’est autre que cette indulgence
Impérative envers toutes les perditions ;
Par ailleurs des panneaux indiquent « neurosciences »
C’est la nouvelle mode, ou la dernière option.
J’aime de cet endroit la candeur pitoyable,
Et j’ai connu ici une félicité
Aux grands élancements de l’amour comparable.
Oui, parmi les déments et leur humilité
Je pourrais vivre heureux, sans crainte, sans envie,
Et sans autre projet que de passer mes jours
A soigner moi aussi mon intime folie
Qui en vaut bien une autre et que j’aurai toujours.
Voilà ce qu’on se dit en sortant de Sainte-Anne
Pour n’y avoir connu la paix qu’une heure ou deux ;
Et le portail à son passage nous condamne
À retourner parmi les nôtres : les envieux.






Grégoire Leprince-Ringuet, acteur au cinéma et au théâtre depuis un vingtaine d'années, il est également l'auteur et réalisateur du film La Forêt de Quinconces (2016) qui fut en sélection officielle au Festival de Cannes la même année, et dont le texte est paru chez l'Arche éditeur l'année suivante. En parallèle de ses activités cinématographiques et théâtrales. Parution du recueil Les entrelacs, La rumeur libre Editions 2024 Présent dans les numéros 86 et 87 de Lichen.



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