Gérard Cousin

 

à mon amie Marie Ange, rescapée du génocide rwandais  

 

Ils ont déchiré toutes les saisons
 qui magnifiaient ton enfance,
 massacré l'intime de toutes tes racines.
 La litanie qui te hantait
 n'était plus qu'une prière mêlée
 aux craquements des branches mortes,
 aux cris rauques des chiens.
 Tu nous es venue dans les veines du vent, dans le friable de la lumière.
 Femme des mille collines
 tu vibres désormais dans les traces que tu sèmes.
 La nuit te brode aux yeux
 ses lanternes d’eau fraîche où tu réapprends, fragile, l’ordonnance des étoiles.

 

Poème extrait de l'anthologie Chœurs métis (2020).

 

°

 

C’est l’heure où les couleurs se ternissent peu à peu 
où le cœur écoute le pouls des choses.
Plus lumineux avec le soir, 
le jasmin semble battre la mesure d’une improbable sérénade. 
Le vieux pommier replie doucement ses oiseaux de jour. 
Tu reconnais encore le rosier à son parfum, à la forme de son ombre. 
Pour que survivent les fleurs, tu leur inventes des noms où passent des abeilles 
et la brise qui t’écoute feuillette tes instants.
 Bientôt, le jardin s’endort 
sous le ciel qui neige ses poussières d’étoiles.

Loin dans le silence vibrant du poème 
tu t’entends marcher sur l’autre rive des rêves. 

 

Poème extrait de l'anthologie Jardins(s)  (éditions Donner à voir, 2019).

 

 

 

 




En poésie depuis 1976, Gérard Cousin a publié quelques recueils, participé à diverses revues (dont NardEstracelleHorizons 21RétroviseurLieux d'ÊtreFeuillets du poémier) et à plusieurs anthologies. Il fut, pendant huit ans, administrateur de la Maison de la Poésie Nord-Pas-de-Calais, membre du Comité culturel régional et secrétaire du Conservatoire régional de Poésie. Avec l'association « Lieux d'Être », il participa à de nombreux spectacles poésie-musique, ateliers d'écriture et expositions de 1978 à 2016. Présent dans le n° 63 de Lichen.

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