Le rocher
Masse brute.
Au septentrion sonnent les cloches.
Je m'ennuie.
J'oublie nos morts et leurs croix étendards plantées sous le rocher.
Le ruisseau
Sur les pierres noires et rouges chante le vent. Au pré s'ennuient trois vaches immobiles, un chat à l'ombre. Le temps s’épuise.
Ma grand-mère a longtemps parlé de l'eau, du bruit de l'eau bien avant le cri du faucon. Elle évoquait, par le chant flûté de ses mains, les étés d'herbes brûlées, l'automne des années perdues. Parfois la guerre, les heures de glace, l'onde sous les fûtaies craquantes et la peur de voir la vie enfuie et fugace.
Des enfances oublieuses, elle racontait la nuit, la peur de demain, l'abandon de l'espoir là juste sous le mince filet après la cascade.
Le ruisseau jamais ne deviendra rivière, autrefois pas plus qu'hier. Pourtant, par la robe bleutée des truites, juste sous les pierres noires et rouges, naissent les joies sublimes des souvenirs.
Né en 1974, Frédéric Martin exerce un métier qu'il préfère taire mais où l'on passe la plupart du temps en vacances, paraît-il. Il a découvert l'écriture poétique un peu par hasard il y a 5 ans, et la pratique avec assiduité depuis un an. Outre ceux qui sont présents dans Lichen (n° 9, 13 et 18), il a publié un poème dans la belle revue Noto. Par ailleurs, il est passionné de photographie (cf. www.fredmartinphoto.fr).
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